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Histoire d’une chapelle…….Saint-mitre

Les actes de saint Mitre ayant disparu dans les révolutions nombreuses dont notre région fut le théâtre, notamment dans le massacre que firent à Aix en 732 les Sarrasins. Voici l’histoire de sa vie, telle qu’elle est issue de la tradition orale (transcrite au Moyen Age et au siècle dernier (1et 2) et des écrits de saint Grégoire de Tours (784)
Selon la légende, il serait né au 4ème ou au 5ème siècle, à Thessalonique, ville de Grèce, qu’il aurait quittée pour suivre l’inspiration de Dieu et évangéliser l’Occident, à l’aube de la chrétienté.
Arrivé à AIX, il serait entré comme esclave ou comme serviteur, au service d’un notable d’Aix particulièrement
débauché et corrompu, dans le souci de convertir, par son exemple. Il fut chargé d’une vigne jouxtant la villa de son maître, peut être implantée là même où l’on trouve, aujourd’hui les deux chapelles jumelles, dédiées à son nom,dans les faubourgs de la ville (quartier saint Mitre des Champs).
Mais, la charité et l’austérité de Mitre ayant suscité la jalousie des autres serviteurs et la colère du maître, tirant
prétexte qu’il avait offert du raisin aux pauvres, ceux-ci l’ont persécuté et, selon certains auteurs, Mitre aurait été
condamné à avoir la tête tranchée.
La légende affirme que Mitre aurait prit sa tête entre ses mains et que, se dirigeant vers la cathédrale, située, alors, à l’emplacement qu’occupe, de nos jours, le couvent Notre Dame de la Seds et là où sont menées les fouilles du théâtre romain, il alla au milieu d’une grande foule, rendre l’âme au pied de la statue de Notre-Dame.
Le peuple accourut, alors, pour vénérer les restes du bienheureux et à partir de ce jour, Mitre fut proclamé Saint
Patron de la ville. De nombreux miracles furent opérés et la ville d’Aix plaça le corps de saint Mitre dans un
tombeau, à la Seds.
Plus vraisemblablement, saint Mitre n’aurait été qu’un simple confesseur, témoin de sa foi.
Le 24 octobre 1383, alors que l’église de la Seds tombait en ruines, l’archevêque d’Aix, Jean d’Agoult, fit
transporter ce tombeau (3) et les reliques, à Saint Sauveur, où, un peu plus tard, en 1442, ils furent placés dans une chapelle, construite par Jacques de La Roque, derrière le maître autel, dans l’axe de la nef.
Au début du 17ème siècle, ses reliques furent transférées dans une chasse d’argent, ce qui donna lieu à une cérémonie grandiose, à laquelle participèrent tous les élus, Magistrats et notables d’Aix, révélant l’importance que revêtait à cette époque, le culte de ce saint, pour les aixois.
Dès les premiers temps, un oratoire avait été élevé dans le quartier saint Mitre des Champs, puis, en 1656, après que la tête du Saint eut roulé de cet oratoire sous le carrosse de Madame de Carcès, maîtresse du lieu, celle-ci décida l’édification d’une première chapelle (ou, peut-être, cela reste à vérifier, l’agrandissement d’une chapelle encore plus ancienne, dont aurait subsisté le chevet et qui aurait été élevée à la place d’un ancien temple païen, dont
subsistait encore cinq colonnes en granit, dont deux sont encore visibles, aujourd’hui, en bordure de la route).
En 1657, celle-ci fut consacrée au culte et, plus tard, confiée aux Pères Doctrinaires de la Paroisse du Faubourg.
En 1864, alors que cette chapelle avait été vendue à la révolution, une nouvelle chapelle – la chapelle actuelle – fut édifiée à côté de l’ancienne chapelle (encore visible), lors d’une mission et grâce à une souscription populaire, et celle-ci fut bénie et livrée au culte le 22 juillet 1865…
Aujourd’hui, cette chapelle appartient au Diocèse d’Aix et revit sous la conduite de l’association Les Amis de la
Chapelle de Saint Mitre.

References:
1 « La charité persécutée » (1646, Augeri, Imprimerie de l’Université), « Erection d’un sanctuaire en l’honneur
de saint Mitre, patron de la ville d’Aix » (1862, imprimerie Makaire), « Discours sur la vie et le martyre de saint
Mitre, patron de la ville d’Aix » par l’abbé Léopold PELOUTIER (1877, imprimerie Makaire), « Saint Mitre et
la chapelle de saint Mitre des Champs » (1929, Magnan – Corréard, Librairie Dragon) ; « Sant Mitre d’Aix »
(1969, Carrias, La Pensée Universitaire) ; autres sources très nombreuses.
2 « Manuscrit de Chartres », des Pères Bollandistes, (Bibliothèque de Chartres, n° 16).
3 Ce tombeau est celui que l’on peut voir aujourd’hui, dans le musée situé à l’entrée de la nef romane de la
Cathédrale.